Définition d'un temple : édifice sacré où est censée résider la divinité, mais pour les protestants ,il n'y a lieu de culte qu'au moment où le culte est célébré.
L'emploi du mot temple serait né d'une polémique : les catholiques auraient utilisé ce terme pour mieux dénoncer le caractère prétendument « païen » du culte protestant. Les protestants s'en seraient fait une vertu (en fait au Moyen - Age, le mot temple était aussi utilisé en milieu catholique ).
Grands lecteurs de l'Ancien Testament, les réformés se sont prévalus du mot temple par allusion au Temple de Jérusalem.
Le temple dit la théologie : place de la chaire, bible, croix nue, dépouillement....
Calvin précisait que les temples ne sont pas des habitacles particuliers de Dieu d'où Il nous prêterait l'oreille de plus près.
La disposition des bancs en rangs d'oignons date du XIXe siècle.
A l'origine on préférait le regroupement autour de la chaire pour manifester l'importance attachée à l'écoute de la Parole de Dieu.
Architecture : les temples sont très évocateurs de l'histoire, non seulement du protestantisme, mais aussi de la France
1) Edifices religieux de l'Est de la France.
A la fin de la guerre de Trente ans, par les traités de Wesphalie en 1648, l'Alsace et la Lorraine furent rattachées à la France. Malgré des tracasseries, les temples n'ont pas été détruits.
Dans le reste de la France, durant les années 1660- 1685, Louis XIV a fait détruire tous les temples qui subsistaient.
2) Signature du Concordat en 1801: Bonaparte souhaite que l'Etat répare les torts qu'il avait faits aux protestants au XVIIe siècle.
Il leur fait attribuer environ 75 anciennes chapelles conventuelles.
À Paris, l'Eglise du couvent des Filles de Sainte Marie, construit par Mansart et l'un des édifices religieux les plus élégants de la capitale, devient le « temple Sainte- Marie ».
3) La grande majorité des temples date du XIXe siècle : rond, hexagonal, en forme de croix latine, rectangulaire...
Ils bénéficient actuellement de trois sources de financements pour leur entrtien : l'Etat, les collectivités locales et les cotisations des fidèles.
Leur façade est aisément identifiable.
4) XXe siècle: ils sont parfois le fruit de la reconstruction d'après - guerre ( Nantes, Brest, Royan....) ou de nouvelles édifications en banlieue par exemple (projets financés par la cotisation des fidèles ).
Les lieux de culte réformé à La Rochelle
Caves de maisons amies : jusqu'à l'avènement de Charles IX
Salle Saint-Michel et la salle Gargoulleau
Autorisation officielle: Commission du roi à Guy Chabot de Jarnac, gouverneur de La Rochelle
14 juillet 1563.
Pour pacifier les esprits après la première guerre de Religion, le roi élargit les dispositions de l'édit d'Amboise qui n'autorisait le culte réformé qu'en dehors des villes : il concède aux protestants rochelais l'usage de deux salles à l'intérieur des remparts, la salle Gargoulleau, appartenant à une famille gagnée de bonne heure à la Réforme et la salle Saint - Michel destinée aux fêtes et réceptions organisées par le Corps de ville.
C'est sur l'emplacement de la salle Saint - Michel qu'à été construite la chapelle des Récollets, devenue le temple actuel.
Dans cette salle s'est tenue la réception de Sully en 1604 et en 1609 le synode provincial de Saintonge, Aunis et Angoumois.
Après le Grand Siège de 1627- 1628 , la salle fut donnée par Louis XIII aux Jésuites.
Puis en 1629 elle revint aux Récollets qui l'utilisèrent comme chapelle jusqu'en 1691.
Grand Temple (sur l'ancienne place du Château aujourd'hui place de Verdun)
On attribue les plans à Philibert Delorme, architecte des Tuileries.
La première pierre est posée en 1577 par le Prince de Condé.
Transformé en cathédrale après le grand siège, le Grand Temple a brûlé accidentellement en 1687 et ses pierres ont servi pour les fortifications.
Temple de la Ville Neuve
Après 1628 les protestant n'ont plus de lieu de culte:
Louis XIII leur offre un terrain sur la Prée Maubec (voir rue du prêche) à l'emplacement de l'actuelle chapelle de l'hôpital Saint Louis.
Il fut détruit en 1685, 6 mois avant la révocation de l'Edit de Nantes.
La cloche dut faire amende honorable et fut fouettée publiquement.
Il ne reste de ce temple que l'écusson surmontant la porte de la chapelle de l'hôpital Saint Louis
XVIII e siècle : culte dans des maisons particulières
Le temple actuel
Plaque commémorative de la première pierre du sanctuaire au musée, retrouvée lors des travaux de 1950
« à la gloire et à l'honneur de Dieu »
Le temple actuel est l'ancienne chapelle conventuelle des Récollets.
Pendant la période révolutionnaire les Récollets sont expulsés et le 20 décembre 1790 a lieu l'inventaire. « les amis de la constitution » prennent possession de la chapelle .
On connait bien leur devise « Vivre libre ou mourir ».
La Chapelle vendue comme bien national a été rachetée par les protestants de la Rochelle qui la financent par une collecte.
L'acheteur, Monsieur Ranson, est un ancien négociant.
Il l'achète au nom d'une association de familles protestantes de la ville qui viennent d'obtenir l'autorisation de la municipalité de célébrer leur culte. 6 mars 1793
La nouvelle église avait été édifiée à partir des années 1691.
Après un incendie, elle fut reconstruite en 1705.
Mais la façade a été conservée.
C'est une architecture typique de la Contre -Réforme en France.
Elle s'inspire des travaux des architectes Androuet du Cerceau et Salomon de Brosse.
Description de la façade :
La façade du temple a été classée monument historique par décret du 11 octobre 1924.
Elle a été restaurée en 1981.
2 étages, 4 colonnes striées qui supportent de fortes moulures.
Portail surmonté d'un fronton en anse de panier.
Chacune des deux colonnes encadre une niche vide, richesse des culs de lampes.
Au-dessus de la porte, une grande verrière s'ouvre unissant les 2 étages.
Le deuxième étage est surmonté d'un fronton triangulaire supporté par deux colonnes striées et contrebutées par des contreforts, en courbe creuse, qui s'abuttent à deux pyramides striées.
Deux palmes et 2 guirlandes .
Pour équilibrer l'ensemble, 2 petits bâtiments , divisés en deux parties superposées, chaque ouverture est surmontée d'un fronton mouluré triangulaire.
Description de l'intérieur du Temple :
Longueur : 40m, largeur 19m 50, hauteur 12 m.
L'église dont toutes les boiseries d'origine avaient été vendues, fut rééquipée : une partie des murs fut à nouveau couverte de lambris, une chaire installée sur le mur nord, deux chapelles transformées en logements, les portes des tambours rétablies, au premier étage , une tribune où fut installé un orgue en 1809, remplacé en 1887.
La sacristie se trouve à l'emplacement de l'ancien clocher.
Sept grandes fenêtres ouvrent sur le mur sud, 4 sur le mur nord.
La chaire est en chêne verni, surmontée d'un dôme.
On y accède par deux escaliers. 1836
Le fond du temple est recouvert de boiseries de part et d'autres de la chaire.
En avril 1896, un don anonyme permet de prolonger les boiseries. L'ensemble est complété par la paroisse en 1897.
Ces boiseries de style dorique sont peintes en faux chêne et noyer et recouvrent les murs sur une hauteur de 5m50
Les vitraux de la face sud ont été mis en place vers 1880 et remplacés en 1930 grâce à un don de M. et Mme Vieljeux.
Les quatre fenêtres du mur nord étaient jusqu'à ces dernières années, obstruées jusqu'au cintre, seules les lucarnes avaient des vitraux.
Des baies ne furent ouvertes qu'en 1980.